Il avait réuni le Monde autour de la question climatique. L'accord de Paris. Issu de la COP 21 de 2015, cet Accord joue un rôle fondamental dans l'histoire de la politique environnementale universelle. 195 pays signataires, 1109 ONG, 1366 médias, tous regardaient les événements avec attention car l'Accord de Paris avait tout pour plaire : des objectifs précis, clairs sans aucun flou, des textes complets sur toutes les causes du changement climatique...ou du moins c'est ce qui devaient y avoir. Des 195 signatures en bas de page à un Donald Trump contre la vague, ExpressHebdo s'accorde le parie de tout vous compresser !
La COP et l'accord de Paris décortiqués
Conference of Parties, davantage connu sous l'abréviation COP, est un sommet international initié en 1972 à Stockholm. Par la suite, la COP 3 en 1997 au Japon, débouche sur le fameux protocole de Kyoto, qui promet la réduction de 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux années 90, dans un délai de 2008 à 2012. Cependant de ces nombreuses COP, sort du lot l'Accord de Paris, le bel Accord, le texte ayant recueilli le plus de signatures et le plus rapidement signé de toute l'histoire de l'Humanité. Présidé par Laurent FABIUS ( alors Ministre des Affaires Étrangères), elle se déroule sur 2 longues semaines de négociations entre 10 délégations nationales. En plus de cela sont présents : 1109 ONG, 1366 médias et 147 leaders mondiaux, tournant autour de cette COP 21 ; une joie écolo, un espoir et une jouissance de tant de médiatisation. Ces négociations internationales se solderont par l'adoption au Bourget le 12 décembre 2015 de l'Accord, la mise en vigueur le 4 novembre 2016 et la prévision de la mise en œuvre en 2020. Pour célébrer cette victoire mondiale sur le climat, le nouveau gouvernement de François Hollande se félicite : " le seuil de ratification - 55 états représentant 55 % émissions des gaz à effet de serre - a atteint en moins d'un an " et assure que " la mobilisation de la France restera entière pour que la justice climatique soit respectée ". Nous devions donc, d'après le gouvernement, rester toujours derrière la question climatique, faire de notre mieux pour soutenir les objectifs de l'Accord de Paris. En voici quelques uns :
- maintenir " l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels" (pour le tenir il faudrait laisser 80 % des réserves fossiles dans le sol)
- les pays en voie de développement doivent essayer d'atténuer les émissions de GES
- augmenter les objectifs des pays en proposant que chaque pays revoit ses engagements tous les 5 ans
- créer des engagements de la part des acteurs non-étatiques et intégrer l'action climatique dans des politiques publiques et des cadres de développement plus généraux, afin de maintenir la limite de température à plus 2°C (voire 1,5°C)
- atteindre la neutralité carbone
- se désinvestir des énergies fossiles
- de reboiser 350 millions d'hectares de sols déforestés ou dégradés avant 2030
195 états déterminés par ces objectifs à sauver la Terre, n'est-ce-pas idéal ? 4 ans plus tard, non, plus trop...
Sources photos : europe 1, le point, libération et actu environnement
4 ans plus tard : passif ou actif ? Les retours
De nos jours l'Accord de Paris est tombé dans le néant de l'oubli, brouillé par les élections présidentielles américaines et françaises, par le mouvement des gilets jaunes, les élections européennes, etc. Cependant cela ne signifie guère que rien ne se passe autour de l'Accord. Bien au contraire, la scène politico-écologique s'est trouvée troublée à la suite des élections américaines de 2016, élisant Donald Trump à la tête de la Maison Blanche. Ce dernier, comme prévu dans son programme, décide de retirer les États-Unis de l'Accord. Ou en d'autres termes : il a décidé d'enlever le deuxième pays le plus émetteur de GES ( Chine : 20,09 %, les États-Unis : 17,89% - selon les données du site Wikipédia) au Monde. " Les États-Unis vont se retirer de l'accord de Paris sur le climat mais vont commencer les négociations pour rentrer (...) dans un autre texte. On va commencer à négocier et à voir si on peut trouver un meilleur deal ", explique Donald Trump. Toutefois les États-Unis semblent très divisés sur la question. D'un côté 69 % de la population se dit contre le retrait de l'Accord, tandis que du côté gouvernemental Donald Trump pense que la question du dérèglement climatique est simplement un complot afin de ruiner la direction économique américaine mondiale. De la même façon l'ancien chef de l'agence américaine de l'environnement, Scoot PRUITT, a été critiqué comme hostile au changement climatique et éreinté " pour ses prises de positions et actions en faveur de l'industrie pétro-gazière et pour la manière dont il a cherché à contrer les efforts de Barack OBAMA (...) ou de l'EPA qui cherchait à réduire les émissions de gaz à effet de serre ", selon les dires de Wikipédia. Malgré cette division américaine le retrait s’effectuera quand même. D'après l'article 28 de l'Accord, le retrait effectif est prévu en novembre 2020...pour les élections présidentielles. Cette sortie aurait comme objectifs de créer de l'emploi, assurer l'indépendance énergétique du pays et baisser le coût de l'énergie. Pour ainsi les États-Unis ne souhaitent dépendre de quiconque et veulent gérer une crise à laquelle ils ne croient pas.
" [...] cet Accord définit la gare d'arrivée mais pas les rails pour l'atteindre " Catherine JEANDEL
Les États-Unis ne sont pas les seuls à piétiner l'Accord, plusieurs personnes s'accordent sur le fait qu'il n'est pas en tout terme l'avenir de la Terre. Tout d'abord, il est clair que l'objectif d'une hausse maximale de 2° C de la température mondiale (voire 1,5° C) n'est pas atteignable et tend plutôt vers une augmentation de 3° C, ce qui est pour le GIEC, catastrophique. Cela s'explique par, tout d'abord, l'absence d'amendes, de mesures de rétorsion lorsqu'un pays ne respecte pas ses engagements et ses objectifs. Par conséquent personne ne peut mener les états devant la justice pour inaction et non-respect, ce qui ne les force pas un changement (immédiat). Comme le dit Euractiv " le respect de l'accord de Paris et ses objectifs semble donc improbable ". L'Accord favorise la transparence en mettant en place un processus qui oblige les États signataires à rendre des rapports sur les résultats de leurs actions. Mais cela ne suffit pas car 20 pays signataires ne fixent pas d'objectifs de réduction d'émissions GES, uniquement 58 pays ont définis des objectifs de réduction d'ici 2030 pour l'ensemble de l'économie dans leurs lois ou politiques nationales. Parmi eux seulement 16 pays ont mis en place des actions suffisamment ambitieuses (selon une étude de "think thank" et deux centres de recherches britanniques "grantham ResearchInstitute" et "Center for Climate Change Economics and Policy") et en plus 7 pays d'Europe n'ont pas fixé d'objectifs nationaux. En plus de ce manque de rigueur des pays signataires, s'ajoute l'absence des sujets clés de l'urgence climatique dans l'Accord. Ils sont présents ci-dessous :
- la tarification du carbone
- les mesures précises sur la transition aux énergies renouvelables
- l'abandon de l'extraction des énergies fossiles (d'après Libération responsable de 65 % des émissions de GES)
- les GES de l'aviation et du transport maritime mondial (représentent 8 % des émissions internationales, qui pourraient compter pour 39 % en 2050)
- les problèmes démographiques (notamment la surpopulation)
L'image de l'Accord de Paris se noircit de plus en plus. Lorsqu'on regarde en profondeur, on apprend d'une part qu'il n'y a pas d'ONG pour mesurer les émissions de GES et d'autre part que le financement de l'Accord provient de multinationales ayant une politique environnementale pas très "propre". Alors, l'Accord serait-il un simple blanchissement (greenwashing) et trafiquerait-il les relevées d'émissions ? Possible. Cependant, l'Accord de Paris n'est pas que libre, il peut se trouver contraignant. Effectivement des systèmes ont y été intégré, comme :
- la mise en place d'un plan d'aide financière annuel de la part des pays développés vers les pays en voie de développement, d'un montant de 100 milliards de dollars américains, sur la base de volontariat
- la transparence totale au niveau des comptes-rendus des États
- la réunion tous les 5 ans afin d'analyser l'effort global et peut-être réévaluer les objectifs nationaux à la hausse
De 2015 à 2019, l'Accord de Paris a eu sur son parcours de l'espoir, de la réjouissance mais a fini, pour certaines personnes, comme un leurre de plus dans l'océan de déchets, de brouillons politico-environnemental. Alors, un jour, pêcherons-nous le bon avant que le temps ne s'écoule ?
Sources photos : selectra et révolution permanente
Ci-dessous quelques liens externes pour plus de connaissances :
- un article complet et aussi un peu long
- une courte vidéo sur les engagements de l'Accord et sur ses critiques
C'est la fin de cet article. J'espère que la rapidité et la compréhension ont été de mise et que vous avez pris du plaisir à le lire. N'oubliez pas de vous abonner aux réseaux sociaux d'ExpressHebdo : Twitter (@RotierM) et Instagram (express.hebdo). S'abonner aux réseaux, c'est connaître la date de sortie des articles, connaître le sujet à l'avance, pouvoir commenter, aimer et surtout partager.
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