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Lubrizol a enflammé la France

Lubrizol a jeté de l'huile sur le feu dans la scène politique française !

A l'issue de cet incident, les Rouennais et toute la France se soulèvent autour d'une même inquiétude : " Quels impacts ce nuage noirâtre et cette pluie chimique ont ou auront sur la santé ?". Les personnalités politiques, au départ, déterminées, affirmaient qu'il n' y avait rien d'alarmant et pas de quoi s'inquiéter. Quelques jours plus tard, il semblerait que tout ne soit pas si propre. C'est alors qu'ils ont débuté les relevés de la composition de l'air. Cependant pour les français et de nombreux scientifiques, ils considèrent comme floue cette liste et exigent la vérité ! Aujourd'hui, la vérité, c'est ExpressHebdo qui te la donne.

Sources photos : paris match, 20 minutes, paris normadie et TV5monde

Lubrizol

Lubrizol est une entreprise américaine créée en 1928, produisant et commercialisant des produits pour automobiles (additifs pour moteurs, essence et carburant diesel), ayant aussi des activités dans le domaine de la chimie fine, biotechnologie et l'agroalimentaire. Elle détient environ 8 700 employés à l'international et un chiffre d'affaire d'environ 6 milliards d'euros. La société Lubrizol France (en activité depuis le 11 octobre 1954) compte aujourd'hui des usines à : Rouen, Havre et Mourenx. Elle a notamment, en début d'année "déposé une demande d'autorisation d'extension (de 1598 tonnes) de ses capacités de stockages de substances dangereuses dans la partie de l'usine située sur la commune de Rouen", qui a été acceptée (Wikipédia), sachant que " Ce site est classé au titre des risques pour l'environnement et la santé selon la directive Seveso seuil haut ". Cette législation de Seveso est adoptée en 1982 à la suite de l'accidentel rejet de dioxine en 1975 dans la commune italienne de Seveso. Alors ces seuils de Seveseo, bas et haut, sont calculés en fonction de la quantité de matières dangereuses présentes dans l'usine. "Les exploitants de sites industriels sont tenus de recenser tous les quatre ans les substances (y compris les déchets) susceptibles d'être présentes sur leur site, qui induisent leur classement en site Seveso" explique un expert du cabinet Auguste-Debouzy. Ainsi cette directive permet d'exiger des critères en matière de sécurité pour les installations à risques industriels. 

Source photo : wikipédia

Source photo : lci

Que s'est-il passé ?

Dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 septembre, l'usine de Lubrizol à Rouen a pris feu dans les zones de stockage. Ce même jour, le jeudi 26, le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, qualifie de " rassurantes " les analyses effectuées lors des incendies, au même moment de la propagation d'un panache de 22km de fumée noire au dessus de l'agglomération de 450 000 habitants. Il rassure aussi en expliquant que : " dès le début du sinistre, (on) a pu mettre à l'abri les stocks de matières les plus dangereuses, évitant ainsi une catastrophe plus grande", rapporte Actu (de son article du 26 septembre).

De même, malgré les pluies de suie : "Il n'y a pas de difficultés pour l'eau potable. Il y a une pollution dans la Seine au niveau du site , contenue par des barrages (anti-pollution)", affirme toujours le préfet, évoquant notamment la mise en place, jeudi, du plan Polmar afin d'écarter la pollution de la Seine. Le préfet rajoute " c'est de la suie qui s'est agglomérée du fait de la pluie, une combinaison d'additifs d'huile de moteur et d'hydrocarbures". Que de bonnes nouvelles et si en plus "la qualité de l'air est dans son état habituel " (Pierre-André DURAND, samedi 28) alors c'est que tout va pour le mieux !

Toutefois, en dépit des précautions prises et des rassurantes paroles, l'odeur nauséabonde, le nuage noir, la pluie de suie ; dérangent les Rouennais et les habitants des villes voisines, obligés de rester enfermés chez eux.


" Lubrizol est le plus important accident industriel en France depuis AZF ", David Cormand, secrétaire national d'EELV

Par ailleurs, il a été décidé le 2 octobre de la création de la mission d'information parlementaire après ce soulèvement d'indignation face aux informations gouvernementales abstraites. En effet, soit la Tribune, dans son article du 30 septembre consacré aux événements de Lubrizol décrit : " la communication lacunaire pour ne pas dire infantilisante des services de l’État ", s'appuyant sur des propos révoltés de certains habitants de Rouen : " Je suis sidéré, rien n'était prêt, on a même pas eu d'alarme ! Il n'y a rien eu. On s'attendait à plus d'informations, on est en France ! ", " ce n'est franchement pas rassurant ". De plus Catherine Morin-Dessaily (sénatrice centriste) analyse : " Si 14 communes ont été efficacement prévenues, d'autres

très proches voire à proximité immédiate du site ont été informés de manière aléatoire ". Par conséquent, les habitants de Rouen et des autres communes se désespèrent du silence du gouvernement et de son manque de réactivité dans les préventions, face aux éventuelles dures conséquences.


Sources photos : 20 minutes et la manche libre

Les dures conséquences

Certaines personnes se plaignent d'irritation à la gorge, d'autres de complications, des galettes d'hydrocarbures envahissent la Seine, selon la préfecture ; des hydrocarbures et des additifs d'huile de moteur ont brûlé,... cet incendie est une véritable catastrophe sanitaire et environnementale.

Pas tellement pour le préfet qui, d'après les mesures étendues sur 22km, précise " l'absence d'hydrogène sulfuré, une mesure de souffre et des valeurs quasi nulle d'oxyde d'azote" mais " entendons-nous bien, toute fumée est évidemment malsaine mais il n'y avait pas dans la composition d'éléments problématiques. Il s'agissait de substances carbonées classiques ". Malgré l'absence de certains produits dangereux, il ne faut omettre que sur 1000 fûts 160 présentaient probablement de hauts risques. Et qu'ainsi ce mélange, ce "cocktail" de substances chimiques soit plus aggravant. Quel goût donnera-t-il au futur ?

Par ailleurs, quelques citoyens ont décidé de porter plainte, basés sur l'Article 22-19 du code pénal : "Le fait de causer à autrui, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, une incapacité totale de travail pendant plus de trois mois est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende". Il est effectivement question de personnes atteintes de constantes nausées, vomissements, vertiges... Par exemple " l'un des plaignants a eu un malaise pendant la nuit à cause de ça (...) il est tombé la tête la première ce qui lui a occasionné des points de suture ", témoigne Jonas HADDAS un avocat, deux policiers sont sous traitements jusqu'au 8 octobre et également : " Plusieurs policiers des Compagnies républicaines de sécurité, notamment la CRS 3, venus assurer une sécurisation et une protection à partir de 11 h du matin sur le site, ont développé depuis plusieurs symptômes ". Ensuite, cela ne s'arrête pas qu'uniquement à un impact humain mais aussi environnemental. Le 27 septembre, Alexandre un serveur dans un restaurant proche du site Lubrizol, découvre pour la toute première fois deux pigeons morts, sans aucunes traces de blessure et publie son effrayante découverte sur Twitter. Alors y aurait-il un lien entre Lubrizol et la mort de ces deux oiseaux ? Selon un soigneur du Chene  à Alouville-Bellefosse : " Pour l'heure, nous n'avons constaté aucun surcroît d'activité depuis l'incendie de Rouen, qu'il s'agisse des oiseaux ou de toute autre espèce ". En d'autres termes : l'incendie n'est peut-être pas la cause de leurs morts. Quel hasard !

"  Je suis prête à rester deux semaines ou trois semaines s’il le faut. Tant que les écoles n’auront pas été nettoyées par des professionnels, tant que des prélèvements n’auront pas été faits à hauteur de poussette, tant que tout danger n’aura pas été écarté, je ne les emmènerai pas, témoigne cette Rouennaise de 41 ans en congé parental, dont les trois enfants (âgés de 2 ans, 5 ans et 6 ans) souffrent d’asthme. C’est la santé de mes enfants qui est en jeu. Or, j’ai l’impression que le gouvernement minimise la gravité de ce nuage et qu’il se fiche de nous ", (paroles recueillis par le Monde le 30 septembre).

Ces derniers mots tranchants montrent la violence de la réalité face à une usine qui n'est coupable "d'aucun manquement" sur le plan sécuritaire, et qui a obligé la fermeture de 257 établissements scolaires de l'agglomération (55 000 élèves concernés) pour un nettoyage. Ainsi, pour les écoles maternelles et élémentaires, ce fut les employés municipaux, des professionnels, qui se sont occupés d'enlever tous les résidus de pollution, notamment la suie. Cependant, du côté des collèges et des lycées, des non-professionnels, c'est-à-dire les personnels des établissements se sont chargés de tout nettoyer, sans aucune expérience dans ce domaine. Et pour ainsi dire la préfecture a pris le risque de mettre en péril la santé de nombreux adolescent, par un assainissement non-contrôlé après l'incendie d'une usine chimique classée " Seveso seuil haut ". Soit, une spécialiste des questions de pollution, présidente de l'Association Henri-Pézerat estime dans un article du Monde du 30 septembre : " Les parents d’élèves et les enseignants devraient refuser de rentrer dans les écoles tant que des mesures prouvant qu’il n’y a pas de danger dans les établissements n’ont pas été rendues publiques ".

Lubrizol n'a pas tardé à aussi faire chauffer les différentes personnalités politiques, telles que : Jean-Luc Mélenchon : " Un site Seveso ne peut être inoffensif. La population a le droit d'en savoir plus ", plus virulemment Fabien Roussek, secrétaire national du Parti Communiste Français, exige " la totale transparence et la vérité sur les conséquences sanitaires ". La CGT ne tarde pas, elle aussi, à s'enflammer en réclamant : " la communication immédiate sur le site internet de la préfecture des résultats d'analyse effectués et leur mise à  jour au fil de l'eau " et aussi " la transparence sur les raisons de ce nouvel incendie  ".

Pendant ce temps dans les cultures et les habitats, c'est le désœuvrement. Certains habitants ne se risquent plus à utiliser l'eau du robinet, restent enfermés chez eux ou sont obligés de partir un moment dans un endroit moins pollué. Les agriculteurs, eux, font face à un véritable sinistre, les forçant par soucis sanitaires, à détruire leurs produits : raser les champs, verser le lait, jeter la nourriture des animaux, enfermer tout le temps les bêtes à l'intérieur. Quelques uns d'entre-eux ont décidé de ne pas faire confiance aux données du gouvernement et de prendre des scientifiques par eux-même pour effectuer les relevés.
Ainsi, l'incident de Rouen n'est guère qu'une histoire d'incendie mais devient l'objet de tensions au sein de la France, mettant en question la capacité de l’État à gérer un tel événement. Lubrizol cristallise les failles présentent dans le système français et montre au grand jour la méfiance générale des français face à leur gouvernement. Mais jusqu'où cet incendie va-t-il aller pour fragiliser la France, son économie, son social et son environnemental ? Lubrizol est-il en train de brûler les ailes de la colombe française ?

Sources photos : la nouvelle république et le courrier picard

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la Croix - carte sur les incendies à Rou
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Ci-dessous sont présents des liens externes afin d'approfondir le sujet :

  - un débat autour de la question de la pollution

  - un cours récapitulatif des événements et de ses entraînements


C'est tout pour cet article, j'espère qu'il vous aura plus autant que pour moi. C'était particulièrement intéressant de voir et d'étudier la joute entre le gouvernement, les rouennais et les différentes parties politiques pour la vérité des informations.

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