"La Corée du Sud est classée 116e sur 144 dans le classement sur le respect de l'égalité entre les sexes par le Global Gender Gap en 2016".
Qui l'eut cru ? Dans un pays où le respect est omniprésent, encré dans la culture jusqu'aux différents niveaux de politesse linguistique, où l'industrie de la K-Pop vend une belle image pailletée et colorée ? Qui aurait songé que certaines femmes sont forcées à se rentrer un ciseau dans le vagin ? Ou bien simplement à se scarifier le mot "esclave" ? C'est pourtant bien le cas ; dans un pays à l'abstention sexuelle, au sexe caché, les pulsions ont taché le drap de la vierge Corée. Du Burning Sun, boîte de nuit de la capitale qui droguait les femmes avant de les violer, aux chambres virtuelles pornographiques sado-masochistes et pédopornographiques ; l'apparence coréenne se noircit.
La vague des "Molka"
"En Corée du Sud, tout le monde a entendu parler du "molka"", selon France Info, qui ajoute : "Plus de 5 000 personnes ont été arrêtées l'an dernier pour avoir pratiqué le "molka" : uniquement des hommes, dont plusieurs stars de la K-Pop, et aussi d'autres personnalités, comme un présentateur vedette de la télévision. Le nombre de cas dans le pays est estimé aujourd'hui à 18 par jour !". Le "molka" désigne les caméras espions placées dans des endroits stratégiques, tels que les prises électriques, les sèche-cheveux, les boxes de télévision, les saunas, en-dessous des cuvettes pour alimenter en contenus pornographiques les différents sites criminels. RFI explique que : "Ces caméras sans fil diffusaient en direct, en streaming sur un site pornographique, les vidéos des couples qui occupaient les chambres". En effet, 30 hôtels avait été touchées en Corée du Sud, sans compter les "6 500 plaintes en 2017, un nombre qui a été multiplié par cinq en six ans", d'après RFI. De cette épidémie en est ressorti l'arrestation de deux hommes qui avaient
des caméras dans 42 chambres d'hôtel, ce qui leur a permis de diffuser en direct sur un site internet comptant 4 000 abonnés 800 vidéos de couples dans leur intimité. Les deux hommes auraient approximativement gagné 7 millions de wons, soit 5 500 euros et pourront écoper d'une peine de prison allant jusqu'à sept ans.
"Mais beaucoup de vidéos passent sous les radars et seulement une victime sur dix déclare son agression à la police" et "si en 2017 plus de 5 400 personnes soupçonnées de molka ont été arrêtées, seulement 2 % ont été condamnées" du à la difficile vérification des soupçons portées sur les vidéos qui ne montrent pas le visage des victimes, explique Libération. Du côté de la police, depuis le mouvement #MeToo, la police met en œuvre les moyens nécessaires, comme par exemple la fouille de 2 000 établissements dans plusieurs villes. Toutefois, Raphaël Rashid, journaliste à Korea Exposé, se demande : "Mais qu'est-ce qui empêchera les coupables de reposer une caméra quelques heures après la fouille ?". Cinq millions d'euros également seront investis dans la lutte contre le "molka", la vérification de 50 000 toilettes publiques et l'"idée d'enregistrer les ventes de mini-caméras est également avancée,", explique Libération.
Certes, il est de bonne intention de lâcher des millions, de fouiller partout mais ne serait-pas davantage intelligent de couper le problème à la racine, ou en d'autres termes libérer les mœurs, la parole sur la sexualité ? Car si ces "simples" vidéos "tuent les femmes", alarme le journaliste, que fera les chambres ?
Crédits photos : KêrKorea, 부천매일
Les chambres du scandale sexuel
Crédits photos : Bitcoin planet, Europe 1, France Info, K-Gen, Ckjpopnews
Entre décembre 2018 et mars 2020, l'affaire d'abus sexuels et d'exploitations sexuelles numériques a révélé les réseaux d'esclavages de 74 femmes signalées, dont 16 mineures. 3 différentes techniques de manipulations ont été utilisées :
- la première consiste a publier des commentaires sous les publications de Twitter de certaines filles : "Vos photos privées ont pu être exposées sur internet, alors vérifiez ce site pour voir si c'est vraiment vous". En cliquant, les filles été dirigées vers un faux compte Twitter où elles devaient inscrire leurs informations personnelles. A partir de ce moment-là, leurs données étaient directement envoyées aux criminels des "room" ; numéros de téléphone, adresse, noms des membres de la famille. Ensuite, après les avoir menacées de divulguer tout ce qu'elles pouvaient avoir à cacher, ils les obligeaient à devenir leurs esclaves pendant une semaine. A la fin, pour mettre un terme ils leur ont demandé d'envoyer des photos d'elles nues, ces mêmes photos qui après sont devenues des armes pour les forcer à continuer ce trafic. Alors, les filles "se sont filmées où on les obligeait à commettre des actes horribles dont se faire violer par plusieurs hommes, se couper le mamelon, s'insérer une paire de ciseaux dans le vagin, manger des excréments, ou encore écrire "esclave" sur la peau avec un couteau",
- la deuxième leur promettait des offres d'emplois avec une rémunération élevée qui nécessitait une association avec un parrain. Et évidemment, il leur fallait envoyer des photos et des vidéos sexuels, s'en suivait le chantage pour alimenter les "room",
- la dernière exposait les filles à des hommes qui usurpaient l'identité des policiers et qui "les menaçaient d'intenter une action en justice car elles postaient des contenus explicites".
Selon la chaîne SBS 100 individus ont activement participé à l'alimentation des différentes "room" sur la messagerie privée Telegram en partageant ces contenus pornographiques dans les différentes salles, allant de la plus basse (150 euros environ) aux plus hautes avec davantage de contenus encore plus criminels (1 100 euros environ). Toutefois, la police a révélé les têtes de file, comme le "Docteur", soit "baska" en coréen, un homme de 25 ans : Choo Joo-Bin. Ce dernier a déjà eu des altercations avec la justice pour des arnaques en 2018 sur des fausses publicités de ventes d'armes, il aurait engrangé 2,3 millions d'euros en monnaie virtuelle. Le journal K-GEN ajoute "13 de ses complices ont également été arrêtés par les autorités. Leur moyenne d'âge se situe aux alentours de 25 ans, mais la police révèle que certains des criminels sont encore mineurs. La police traque également tous les utilisateurs de la Nth Room et prévoit de traduire en justice chacun des 260 000 hommes qui y a accédé". Il aurait également, selon K-sélection, "parlé d'une chanteuse coréenne adolescente qu'il aurait, selon lui, "entraînée" lui-même, non pas au chant mais à des activités sexuelles [...] Cho disant qu'elle faisait des activités explicites en pleurant". Et les têtes de files s'enchaînent, les contenus de sexe affluent de tout-va.
"D'après un rapport de l'Organisation Mondiale du Travail des Nations Unies et le Walk Free Foundation, 71 % des esclaves dans le mondes sont des femmes. En regardant précisément le cas des exploitations sexuelles forcées, les femmes ou les filles constituent la majorité des victimes", selon The Interpreter.
Moon Hyung-Wook, ou sous le pseudonyme "God God", un étudiant, a créé et entretenu la "Nth Room", tout en commettant un crime grave contre au minimum dix filles mineures. Watchman, 38 ans, a alimenté d'avril à septembre 2019 la salle "gotdam room" avec 10 000 photos dénudées, dont 100 vidéos illégales d'adolescents et d'enfants. Pacific Ocean, 16 ans, a dirigé plusieurs salles pendant plus d'un an en vendant entre 8 000 et 10 000 vidéos. Il faut aussi retenir le nom de "Choi", un jeune homme de 26 ans, un fonctionnaire dans l'équipe d'administration des plaintes civiles d'un centre communautaire dans le district de Songpa, à Séoul. Il est accusé d'avoir délivré les informations personnelles de 17 personnes (dont quatre idols, deux pères des idols, une actrice, le président de JTBC et l'ancien maire de Gwangju) dans le système de données de mars à juin 2019 à Choo Joo-Bin. Un autre fonctionnaire, plus en activité de ce même bureau, a prêté sa carte d'identité à Choi pour qu'il puisse accéder à l'ensemble du système. Du côté des chambres, plus d'une centaine, nous pouvons également évoquer la "Loli Room", chambre dans laquelle se partageait des photos et des vidéos de femmes rampant parterre avec des zones sur leurs organes génitaux. Selon deux journalistes ayant enquêté sur cette affaire, les vidéos et photos ont été réalisées de plein grès par les membres de la famille afin d'avoir accès à des chambres plus violentes qui bénéficiaient majoritairement aux étrangers, qui représentaient environ la moitié de la présence dans ces salles.
Le circuit était bien rodée avec plus de 15 000 personnes qui auraient déboursé de l'argent pour avoir accès à ces hautes chambres, on peut aisément se représenter l'envergure de l'entreprise trafiquante qui a réussi à pénétrer dans les réseaux familiaux pour mieux réduire à l'esclavage les femmes, à les enfermer totalement. Certes, nulles sorties étaient envisageables car toutes femmes qui tentaient d'y mettre un terme, voyaient ses informations dévoilées dans les différentes chambres pour permettre aux membres de partir les violées et bien sûr diffuser ce nouveau contenu dans les chambres. La boucle était bien ficelée. Tellement bien ficelée qu'elle a eu des émois en Chine, selon la police chinoise qui aurait retrouvé un réseau similaire.
Les autres scandales sexuels
A côté des chambres, les ébats sexuels se poursuivent dans d'autres affaires. Dans celles-ci, l'industrie fleurissante de la K-Pop est victime de ses propres machinations : ses artistes lissent, formés dans une extrême pudeur ecclésiastique. Jung Joon-Young, star de la K-Pop, a été arrêté pour avoir diffuser des vidéos et des images de ses relations sexuelles dans un groupe de messagerie, sans le consentement de ses partenaires. Au moins dix femmes en auraient été victimes. Sans omettre la présence, dans le groupe de messagerie d'une autre vedette, Seungri, de BIGBANG. Jung Joon-Young malgré s'être excusé de son "erreur grave et inexcusable" et affirmer : "Je me repentirai de mes péchés pendant toute ma vie", sa demande de libération sous caution a été rejetée par le tribunal. Il a été condamné le 29 novembre 2019 à six moins de prison ferme. A cela ajoutons au compteur, le suicide de deux chanteuses, dont une nommée Goo Hara. Elle a décidé de mettre fin à ses jours après que son copain l'ai menacé de rendre publique les images de leurs relations.
Et dans toute cette course folle dans l'hypo-sexualité, l'hyper-pornographie gonfle les rangs de la cyber-criminalité. Selon The Interpreter en "février, l'instut australien de criminologie a établit un rapport les australiens qui payaient pour visionner des vidéos en direct d'enfants se faisant abusés sexuellement aux Philippines [...] Le rapport a analysé les caractéristiques des usagers criminels des sites et ont trouvé que deux tiers d'entre eux étaient des hommes âgés entre la cinquantaine et la soixantaine. Sur période de 13 ans, plus de 250 australiens ont dépensé 1.32 millions de dollars pour regarder en ligne des enfants abusés sexuellement. Environ la moitié des individus n'ont pas de casier judiciaire".
Effrayant n'est-ce pas ? De l'autre côté de son pallier, imaginé que son voisin ou sa voisine se comble de la souffrance d'enfants pour ses pulsions sexuelles. Car comme toute chose, internet à plusieurs facettes, dont le "Dark-net", l'ombre de notre internet. Il ne serait pas étonnant d'y trouvé bons nombres de réseaux de trafics d'enfants abusés, de femmes séquestrées, de vidéos de viols collectifs, lorsque l'on sait que sur ce "Dark-net" des tueurs à gage sont prêts à l'emploi, des armes sont prêtes à être manier. Toutefois, les langues peuvent aussi maniées l'art de la protestation.
Les voix se lèvent
Il n'est pas habituel d'entendre des manifestations en Corée mais avec l'aide du #MeToo "Des magistrates, des enseignantes, des actrices, dénoncent les harcèlements sexuels. Et plusieurs manifestations de femmes ont déjà eu lieu dans les rues de Séoul pour dénoncer le molka, aux cris "My life is not your porn", "Ma vie c'est pas ton porno", indique France Info. Ces affaires ont tout de même un problème plus profond, qui relève "de la forte misogynie qui caractérise leur société. Les conversations en ligne de ces stars de la K-Pop sont à ce titre révélatrices de leur profond mépris à l'égard des femmes", nous apprend RFI. The Interpreter va même jusqu'à déclarer que dans ce pays où "l'exploitation des femmes est devenue désespérément trop commune".
Alors, même si la Corée du Sud est fermement décidé à faire la guerre aux crimes sexuels sur le net, cela va-t-il réellement avoir quelconque impact sur la place de la femme coréenne dans la société et dans les rapports sexuels ?
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